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INTERVIEW D'EMMA !

Photo du rédacteur: Cerise & CleopheeCerise & Cleophee

J’ai eu la grande chance de pouvoir interviewer Emma, blogueuse, dessinatrice et écrivaine, auteure de la série d’albums « Un autre regard », que j’adore et dont j’ai parlé dans mon blog. Et je n’ai pas été déçue ! Emma est comme ses livres : hyper généreuse, claire et précise, super informée, ultra engagée et… très drôle. J’ai adoré échanger avec elle, et c’est avec un grand plaisir que je partage avec vous cet excellent moment.




Emma, avez-vous toujours voulu être écrivaine ?


Emma : Pas du tout ! J’adorais lire mais je ne pensais pas devenir écrivaine ! J’avais peur que la pression soit trop grande. J’ai toujours écrit pour mon plaisir, mais les injustices auxquelles les femmes font face m’ont tellement choquée qu’il ne m’a pas du tout été difficile de composer un livre sur ce sujet.



Vos livres fourmillent d’histoires et d’informations, quelles sont vos sources ?


Emma : Je lis énormément, je suis des gens sur les réseaux, je tombe sur des forums où les gens se confient, où l’on peut observer que toutes les femmes vivent le même genre d’histoires, de même pour les personnes non-blanches ou les personnes en situation précaire. Cela va plus loin que des histoires personnelles, c’est l’histoire d’un groupe de personnes qui ne se connaissent pas mais sont opprimées de la même façon. Certains articles mériteraient 100 000 lecteurs au lieu de 1000, moi je fais de la bande dessinée pour qu’ils aient davantage de visibilité.



Dans votre série d’albums Un autre regard, vous expliquez que vous vous êtes « éveillée politiquement » » à 30 ans : qu’est-ce qui a été à l’origine de ce « déclic » ?


Emma : Le déclic, c’est que les discours militants que j’entendais et qui me paraissaient un peu extrêmes sont devenus une réalité, parce que je les ai constatés, moi, dans ma vie quotidienne. Avant 30 ans, j’avais tendance à penser que l’égalité hommes/femmes était acquise, qu’on n’avait plus besoin de lutter, que les féministes exagéraient. C’est au travail que je me suis heurtée au sexisme : je suis arrivée dans une entreprise où il y avait très peu de femmes, et, surtout, aucune femme aux postes à responsabilité. J’étais la seule, et j’ai été confrontée à des attitudes vraiment hostiles de la part des hommes avec qui je travaillais. Le problème, c’est que ce n’était pas ouvertement hostile. C’était subtil, comme ne pas m’inviter aux réunions, et me dire qu’ils m’avaient oubliée, et je n’avais aucun moyen de prouver que c’était parce que j’étais une femme, mais je le savais bien. J’ai commencé à me renseigner, et j’ai compris que même dans mon passé, j’avais été victime de sexisme, mais que je n’avais pas eu la culture féministe nécessaire pour identifier ces événements comme tels. J’ai compris que les féministes avaient raison, et que l’égalité hommes/femmes n’était pas du tout acquise. C’est pour cela que je me suis mise à écrire, je ne veux pas que cela arrive à d’autres, je veux que les femmes aient les outils pour identifier ces comportements, et surtout, comprendre que ce n’est pas de leur faute, et qu’il faut mettre en place des solutions collectives pour que cela n’arrive pas.



Selon vous, que nous reste-t-il à faire pour protéger la Terre et le climat ? Devons-nous nous reposer sur les décisions politiques ou agir par nous-mêmes ?


Emma : Concernant le climat, je pense qu’il ne faut pas se reposer sur le gouvernement, parce qu’il est souvent plus au service des grosses industries qu’au nôtre, et cela me fait peur. Ce qu’il faudrait, en fait, c’est que les décisions soient prises par des collectifs citoyens. On ne peut rien faire tout seuls, il faut être plusieurs. Par exemple, lors d’une grève récente à une raffinerie Total, des écologistes ont rejoint les ouvrier.e.s : c’est super, parce que ce sont des milieux différents qui se rassemblent. La grève, c’est une bonne solution, mais on n’en a pas forcément les moyens. Les gens riches représentent 1% de la population, il faut trouver des solutions pour les contraindre à ne plus polluer. Quand j’ai écrit ce livre sur le climat, j’ai ressenti de la colère face à la culpabilisation que l’on faisait, encore, peser sur les femmes, qui, par exemple, quand elles sont fatiguées par leur journée de travail, préparent un plat surgelé et donc, produisent un déchet plastique. Je me suis demandé si tous ces petits efforts que l’on faisait avait un véritable impact écologique. En fait, le problème est au niveau des grosses entreprises et industries, pas au niveau du comportement des gens. C’est bien de faire attention à la pollution dans notre vie quotidienne, mais là n’est pas la solution. Ce qui est important, c’est de lutter de façon collective, en manifestant, et en mettant des gens en relation. C’est important de parler à la fois d’écologie, de charge mentale et de féminisme, pour que les gens comprennent le lien entre ces sujets. Il faut soutenir toutes les luttes qui freinent la machine capitaliste, la machine à surproduire, à jeter, à gâcher.


Quel sera le sujet de votre prochain livre ?


Emma : Mon prochain livre portera peut-être sur le placement abusif des enfants autistes. Parfois, le comportement des enfants autistes amène les services sociaux à croire qu’il est maltraité dans sa famille, alors que ce n’est pas le cas, et ils l’en retirent pour le placer. Ce n’est pas normal, et ça montre une grave méconnaissance de ce trouble. C’est très difficile d’écrire un livre comme ça, parce qu’on peut se retrouver submergé par le sujet, un peu comme ça m’est arrivé quand j’ai écrit un livre sur l’écologie. Plus on se renseigne, plus on découvre d’injustices, et c’est très difficile. J’aimerais aussi aborder le sujet de l’éducation bienveillante et les techniques marketing qui y sont liées. Il est évident qu’on ne doit pas maltraiter un enfant, mais il y a à présent des gens qui ne sont ni médecins, ni pédiatres, ni psychologues, qui prescrivent des listes de choses que les parents ne doivent pas faire mais qui ne garantissent absolument pas le bien-être de l’enfant. Bien sûr, il ne faut pas frapper un enfant, mais l’obliger à mettre un manteau pour sortir en plein hiver, personne n’a jamais démontré que ça pouvait le traumatiser… Ce sont des idées qui ne sont pas étayées scientifiquement, et cela inquiète et culpabilise, encore, les mamans, qui veulent bien faire. Et on n’a pas besoin de ça, si tu as bien lu mes livres ! Dans la société d’aujourd’hui, ce n’est pas possible de donner une éducation absolument parfaite à nos enfants, il y a trop de contraintes, alors j’ai envie de dire aux parents de se relaxer, et de se faire confiance.








 
 
 

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